SILENCE ET IMPUISSANCE
Modèle exclusif au Canada, la petite Acura fait penser à un ballon d'essai lancé par les responsables du marketing de Honda pour savoir si une Civic apprêtée à la sauce Acura peut présenter un intérêt pour les acheteurs nord-américains. Question de se faire une place dans le premier créneau du marché et de s'approprier une clientèle jeune qui pourrait, avec les ans, rester fidèle à la marque.
C'est en effet depuis le millésime 1997 qu'Acura construit la 1,6EL dans son usine ontarienne d'Alliston, la même d'où sortent les berlines Honda Civic. Plate-forme, éléments mécaniques, suspensions, habitacle: tout est d'origine Civic, à l'exception des parties avant et arrière signées Acura et de certains détails d'aménagement de l'habitacle.
LE SILENCE, À TOUT PRIX
Conformément à l'opération « Renaissance » lancée par Acura en 1994 pour redéfinir sa philosophie d'entreprise, la 1,6EL place la barre très haut en matière de confort et de silence de fonctionnement. Pour ce faire, la petite Acura réussit fort bien à atténuer les bruits du moteur en adoptant une formule bien connue qui consiste à « allonger » le rapport de transmission afin de réduire le régime du moteur à une vitesse de croisière. C'est ainsi que le moteur VTEC de la 1,6EL tourne à 3000 tr/min à 120 km/h, régime exceptionnellement bas pour une si petite cylindrée. Si le silence de fonctionnement est ainsi assuré, la mollesse qui en résulte vous oblige à rétrograder à la moindre montée et pour effectuer tout dépassement.
Rappelons que ce 4 cylindres à 16 soupapes livre son couple maximum à 5500 tr/min et que la ligne rouge du compte-tours est fixée à 6600 tr/min. Autrement dit, ce moteur aime les hauts régimes mais se fait plutôt prier à bas régime. Avec la boîte automatique, ce manque de vigueur du moteur se solde par des accélérations pathétiques en circulation urbaine, des reprises lymphatiques sur la grand-route et des rétrogradations de la boîte automatique à la moindre sollicitation de l'accélérateur. Plus de 12 secondes pour boucler le 0 à 100 km/h avec la boîte automatique, c'est trop; il n'en faut pas plus pour éliminer tout espoir d'agrément de conduite.
UNE VERSION SANS INTÉRÊT
C'et au volant de la version de base de l'Acura 1,6EL que nous avons effectué cet essai, et pour vous dire franchement, l'utilité de cette version dépouillée nous échappe tant l'aménagement de l'habitacle ressemble à celui d'une Civic. Sans siège chauffant ni réglable en hauteur, sans jante en alliage et sans même l'ABS, la version de base ne présente qu'un faible intérêt. Il faut opter pour les versions Sport et Premium pour se sentir un peu plus à bord d'une Acura. En outre, les curseurs du chauffage datent d'une époque révolue et bien des modèles concurrents ont adopté les commandes rotatives nettement plus pratiques. Signalons aussi que les minuscules témoins lumineux des touches au tableau de bord sont pratiquement invisibles en plein jour et que l'accoudoir central, trop bas, est inutile.
