lundi 7 mars 2011

Lincoln MKX TI 2011

Inutile de se raconter des histoires! Le Lincoln MKX est un clone du Ford Edge. Un clone cossu, soit, mais un clone tout de même. Tous deux partagent une plateforme commune, quelques tôleries et le moteur du Edge Sport. Malgré cette « consanguinité », les acheteurs canadiens ont été plus nombreux en 2010 à opter pour un MKX. Du coup, ils l’ont élevé au troisième rang de sa catégorie, au chapitre des ventes, derrière l’omnipotent Lexus RX et l’élégant Mercedes-Benz GLK350. Il faut admettre que, depuis le tournant du nouveau millénaire, le créneau des utilitaires de luxe de taille moyenne, à 5 places, a littéralement explosé. À la fin des années 90, le Lexus RX monopolisait ce créneau. Les concurrents ne sont apparus qu’à partir de 2003, chaque fabricant aspirant à s’accaparer une part d’un créneau lucratif en devenir.

Les marques européennes ont eu un succès presque instantané, d’abord BMW avec son X3, qui a été déclassé depuis peu par le GLK de Mercedes. Audi et Volvo, qui ont fait leur entrée en scène plus récemment, font actuellement une percée significative avec le Q5 et le XC60. Par ailleurs, les efforts déployés par Cadillac avec le SRX, bien que mitigés, paraissent aboutir à une légère hausse de ventes depuis que GM est sortie de la dèche. Nissan et Honda, enfin, tentent tant bien que mal d’imposer des véhicules à l’esthétique excentrique: les FX et ZDX.

Bref, ce n’est pas le choix qui manque. D’où l’importance pour chaque fabricant de donner une personnalité forte à son véhicule. Pour cela, Ford a choisi de jouer la carte de l’électronique avec le système « MyLincoln Touch », et ça semble marcher! Adieu, les boutons! Les gens réagissent très favorablement en apercevant le tableau de bord aux allures aussi dépouillées que futuristes du MKX. La réaction s’avère nettement plus positive qu’à la vue de la calandre pleureuse... L’absence de commutateurs classiques (à pression ou rotatifs) et l’omniprésence d’écrans digitaux (il y en a trois) impressionne les occupants et suscite des commentaires élogieux, qui gonflent assurément l’ego du conducteur.

Le système MyLincoln Touch offre une interface aussi originale qu’inhabituelle servant à contrôler la chaîne audio et les baladeurs qu’on y connecte, le chauffage et la ventilation, le système de navigation et le système de téléphonie cellulaire, bref beaucoup de choses. En l’absence de commutateurs, on effectue les opérations grâce aux commandes vocales ou des touches tactiles. En général, ça marche, mais souvent avec une ou deux secondes de décalage, ce qui engendre rapidement un sentiment de frustration. Un premier. Après tout, lorsqu’on a déboursé au-delà de 50 000 $ (options, taxes, frais de transport et de préparation inclus) pour un véhicule de luxe, on s’attend un peu à épater la galerie. Mais lorsque ces commandes tardent à déclencher un appareil que l’humble commutateur classique d’une Ford Fiesta aurait déjà mis en marche, le beau Lincoln perd un peu de son lustre.

Apprendre à bien parler
Ford a tout de même fait de beaux efforts avec son système. Ses concepteurs ont emmagasiné un imposant lexique de 10 000 mots dans la mémoire de l’ordinateur de bord; un mélange d’anglais, d’espagnol et de français, qui doit identifier les commandes que le conducteur souhaite faire.

L’ennui est que ce dernier doit employer les bons mots et les prononcer correctement, avec un débit et une prononciation appropriés. On doit aussi nécessairement interrompre tout entretien avec un passager, s’il faut effectuer une commande. D’ailleurs, pendant qu’on la formule, le silence de ce dernier est de rigueur. Sinon, on aura tôt fait d’entendre une voix synthétique nous signaler une erreur. Cette même voix qui, lorsqu’on formule une commande vocale de la bonne façon, la répète systématiquement comme un vulgaire perroquet. Une autre source de frustration.

Concernant les commandes tactiles, ce n’est guère mieux. L’esthétique prime sur l’ergonomie. Certains de ces «boutons», que l’on doit toucher ou effleurer (selon le cas), sont très petits, comme ceux qui servent à régler la température du chauffage par exemple. D’autres touches tactiles se trouvent directement sur l’écran central de 8 pouces. Naturellement, il faut d’abord les repérer pour pouvoir déposer le doigt au bon endroit! Pour compliquer les choses, le volume de la chaîne audio et le débit de la ventilation sont contrôlés par des curseurs tactiles capricieux. Leur bon fonctionnement dépend de la précision de l’effleurement et de la rapidité du mouvement. Au fait, vous ai-je précisé qu’il est généralement impossible d’actionner ces contacts tactiles lorsqu’on porte des gants? Au fond, c’est peut-être pour pallier à cet irritant, en ces matins d’hiver frisquets, que Ford a choisi d’inclure un volant chauffant parmi les accessoires de série du MKX...